J'étais parti à Rio avec l'ambition de décrocher une médaille mais je n'ai pas atteint l'objectif. Je suis profondément déçu du résultat. On dit que les échecs sont formateurs, je vais donc forcément apprendre de cette contre-performance.
La préparation à ce rendez-vous s'était parfaitement déroulée : Aucune blessure ou presque à déplorer dans les 12 derniers mois, un planning de stages bien réfléchi, aucune séance avortée dans la phase terminale et des prestations en compétitions qui m'avaient mis en confiance depuis la mi-août. Je pensais être arrivé au Brésil frais et au top de ma forme… Mais je m'étais trompé!
Depuis le 10 septembre dernier, jour de la course, j'ai pas mal repassé les choses dans ma tête en les remettant en cause. Aujourd'hui, je pense avoir compris pourquoi je n'avais pas les jambes pour produire une bonne performance sur Copacabana.
Pour aborder cette course paralympique, la FFTRI nous avait mis dans les meilleures dispositions avec un hôtel situé à moins de 2 km du départ. Je pense que nous avons fait le "job" les jours d'avant course depuis notre arrivée sur site le lundi soir alors que la course se déroulait le samedi matin.
Le départ est donné sur un ponton au large de la plage de Copacabana afin de ne pas à avoir à passer les vagues. L'océan bouge un peu mais rien d'exceptionnel. Je me retrouve rapidement esseulé à l'arrière du pack et je pense que je commets quelques erreurs d'orientation. A la sortie de l'eau je suis loin mais tout n'est pas perdu pour autant. Par contre, dès les 1ers coups de pédales je sens que ça ne répond pas comme d'habitude. Mon capteur de puissance n'a pas démarré, c'est bien dommage car aujourd'hui j'aurais des données objectives sur l'effort produit et je verrais sûrement que j'étais bien 25 watts en-dessous de ce que je faisais sur les courses précédentes. Les 22km ne me permettent pas de revenir devant, je suis en galère, ça n'avance pas. A T2, je n'ai plus d'espoir mais c'est la course des Jeux et je me dois de donner le meilleur. Je poursuis mon effort pour grappiller quelques places et je franchis la ligne à une décevante 5ème place.
Pourquoi sur la course la plus importante de ces 4 dernières années j'ai produit ma plus mauvaise performance? Je pense que la cause principale de cette contre-perf est à chercher dans la gestion de ce qu'on appelle la "période d'affûtage". Pour les Jeux, j'ai voulu arriver avec un maximum de fraîcheur ce qui est entendable. Deux semaines avant le jour-J, j'ai débuté le "tapering". J'ai ainsi respecté ce que j'avais pu lire en la matière dans la littérature scientifique et que je ne faisais jamais. En effet, je n'ai pas l'habitude de diminuer la charge de travail 2 semaines avant les courses, je me contente juste d'alléger les séances la semaine d'avant course. Mais là, avec le long voyage et le décalage horaire, je m'étais dit qu'il était nécessaire de faire ainsi. Force est de constater aujourd'hui que je me suis trompé et que cette période de "repos relatif" ne m'a pas réussi.
L'individualisation dans cette période critique d'approche d'un objectif est primordiale. Ce qui marche pour un athlète ne marche pas pour un autre et l'on ne peut pas généraliser les choses. Dans les habitudes d'athlètes de Haut-Niveau en sports d'endurance, on constate que des séances irrationnelles se font dans la semaine d'avant course. Leur corps qui est habitué à de grosses charges de travail ne comprendrait pas un allègement de la charge comme certaines études le préconisent. Dans mon cas, cette année, je n'avais pas fait d'affûtage avant le championnat du Monde du mois de juillet. J'avais même réalisé ma plus grosse semaine d'entraînement entre J-14 et J-7. Sur la course, j'avais mal nagé mais après, sur un parcours vélo qui ne me correspondait pas, je m'en étais très bien tiré et j'avais battu mon record de vitesse en CàP.
Je me suis trompé pour préparer Rio et c'est dommage. J'ai aujourd'hui beaucoup de regrets. Je m'en veux pour moi, pour ma famille, pour les gens qui me soutiennent, pour la Fédération et pour mes partenaires. Mais c'est comme ça, c'est la loi du sport et je vais me relever. Je suis d'ores et déjà motivé pour repartir sur une dernière paralympiade avec l'objectif de réaliser une course pleine à Tokyo, à la différence de celle de Rio qui était complètement vide! D'ici là, le niveau aura peut-être monté d'un cran en paratriathlon mais je suis convaincu de pouvoir resté compétitif. La victoire de l'Américaine de 42 ans dans l'épreuve de contre-la-montre des Jeux Olympiques de Rio me conforte dans mes pensées!
Pour conclure la saison 2016 dans la joie et la bonne humeur, j'ai participé avec les copains de l'Equipe de France au Natureman. Ça m'a fait du bien de re-goûter à l'effort "longue distance" et ça me permet de tourner plus facilement la page de cette saison paralympique. Enfin, pour terminer ce post, un immense bravo à Gwladys qui a réalisé une superbe perf à Rio en décrochant la 1ère médaille du triathlon français aux Jeux. Chapeau à elle, she did it!