Vendredi dernier j'ai remporté la médaille de bronze des Championnats du Monde 2015 de paratriathlon. Même si on espère toujours mieux, je me satisfais de cette 3ème place obtenue au terme d'une course bien menée au regard de la configuration des parcours et de ma condition du jour.

Cette course de Chicago était LA course de la saison, celle à ne manquer sous aucun prétexte. En effet, le résultat allait être déterminant dans la quête du sésame paralympique car c'est là que nous pouvions obtenir le maximum de points sur la période de qualification. Depuis ma déconvenue des championnats d'Europe de début juillet (3ème place obtenue dans la difficulté) et même s'il y avait eu entre temps le "test event" de Rio, je n'avais que cet objectif de Chicago en tête. En ayant été contraint à l'abandon sur blessure lors des mondiaux d'Edmonton l'an dernier, je ne voulais pas revivre le même scénario et pourtant ça ne s'est pas joué à grand-chose pour que ça se reproduise…

La préparation s'était déroulée au mieux jusqu'à 10 jours de l'évènement, avec entre autre, un bon stage Equipe de France au CREPS de Vichy. Mais voilà, on est souvent sur la corde raide lorsque l'on prépare un tel objectif et j'avais choisi de participer à une course de montagne à J-12… J'aurais mieux fait de m'abstenir car même si je n'ai rien ressenti sur le coup et le lendemain, il s'en est ensuite suivi une nouvelle inflammation du tendon d'Achille. J'ai certes pu continuer à courir mais je n'étais pas serein et je n'ai pas pu m'exprimer pleinement le jour J.

La course paratriathlon était programmée le vendredi matin à 7h00. La météo des heures précédentes nous laissait dans l'incertitude quant à la possibilité de réaliser un triathlon : l'atmosphère était électrique avec un fort risque d'orage. Mais finalement, tout est rentré dans l'ordre à 45' du départ et nous avons pu nous élancer comme prévu dans le lac Michigan.

Le parcours natation en ligne droite dans une eau calme n'est pas trop à mon avantage. Je fais une natation à mon niveau mais les bons nageurs ont pu eux se faire plaisir. La note est salée au moment de monter sur mon Plasma, je m'en rends compte au 1er demi-tour du parcours lorsque je croise les 1ers. Mais mes jambes répondent bien, les watts sont bons, je ne m'affole pas car je sais qu'en roulant comme ça, l'écart va se réduire. A mi-parcours, je fais un état des lieux et même si je suis encore loin de la tête, au regard des forces en présence, je me dis que le podium se rapproche. Je continue sur mon rythme. A 3km de l'arrivée je reviens en 2ème position. A 1km de l'arrivée, je reviens devant et je continue pour entrer en tête à T2.

Je sors 1er du parc mais je ne vais pas y rester longtemps. Je me fais vite passer par Martin Schulz qui finira 2ème et par Stéphan Daniel qui gagnera. Avec des sensations très moyennes, je suis incapable de suivre leur rythme et je me contente de gérer mon effort pour assurer le podium. Je sens légèrement mon tendon d'Achille et j'espère juste que la douleur ne va pas s'intensifier et me contraindre une nouvelle fois à abandonner… Et non, c'est bon, je peux franchir la ligne d'arrivée, bien content de terminer ainsi.

Je n'ai pas sorti la course parfaite mais c'est ma meilleure de la saison et je suis content d'être parvenu à le faire sur la course la plus importante. J'ai su élever mon niveau au fil de la saison. Dans un 1er temps, depuis le mois de mars et l'interdiction des "handlers" je suis parvenu à régler les problèmes techniques que j'avais lors des transitions. Je fais maintenant jeu égal dans cet exercice avec mes adversaires, ce qui n'était pas gagné d'avance au vu de mon handicap. Ma natation a été moyenne à Chicago mais la configuration du parcours y est pour beaucoup je pense. Ma natation lors du "test event de Rio" restera ma "natation référence 2015" et je ferai tout pour la reproduire à Rio 2016. Le vélo de Chicago est lui mon "vélo référence 2015". Le travail réalisé dans cette discipline lors du mois d'août m'a permis d'atteindre mon meilleur niveau, nous reproduirons la même chose en 2016 pour arriver à Copacabana avec les mêmes jambes. Ma CàP de Chicago a été mauvaise, pas tant du fait des efforts consentis sur le vélo mais plus du fait de mon soucis de tendon je pense. La "CàP référence 2015" sera celle du Championnat de France où j'avais couru à 18,2 km/h. Je ferai en sorte d'arriver dans les mêmes dispositions à Rio en 2016. En mettant ces 3 "perfs références" bout à bout, avec en prime de bonnes transitions, la 1ère place de la course paralympique n'est pas inaccessible. C'est avec ça dans la tête que je vais chaque jour cet hiver prendre le chemin de l'entraînement. Mais dans un 1er temps je vais me poser un peu pour me soigner afin de repartir en pleine possession de mes moyens.

L'organisation de la Grande Finale était énorme. Participer à un tel évènement dans une ville comme Chicago est quelque chose d'inoubliable. Pour la course Elite hommes, je n'avais encore jamais vu autant de spectateurs au bord d'une route pour assister à un triathlon.

Enfin, je voudrais remercier l'Equipe de France et tout son staff qui nous donne les moyens de produire des performances et de vivre de grands moments de sport. Un grand bravo à tous les athlètes et en particulier aux médaillés (et titrée!) mondiaux avec une spéciale pour Vincent Luis, grand sportif accessible qui a su être consistant tout au long de la saison. Pour finir un bravo particulier à Maxime Maurel mon "team mate" qui en terminant 6ème à Chicago a fait le plus dur pour ouvrir un 2ème dossard à la France pour les Jeux chez les PT4. #RoadToRio

Crédit photo : Nico Becker